bauges

Vous y êtes, mais le savez-vous ? Petit point synthétique sur ce massif plus discret que ses voisins.

Installé entre Savoie et Haute-Savoie, ce massif montagneux calcaire fait partie des préalpes française, ou massifs subalpins en géologie. Il est bordé par les deux plus grands lacs naturels de France : le lac du Bourget à l’ouest (-180m de profondeur tout de même !), et le lac d’Annecy au nord. Il culmine à plus de 2200m d’altitude.

Avec donc Annecy au Nord, Chambéry et Aix-Les-Bains à l’ouest, et Albertville à l’est, les vallées qui entourent le massif sont fortement urbanisées. Le cœur du massif forme le pays des Bauges, façonné par l’élevage laitier traditionnel, alors que les pentes externes du massif appartiennent historiquement aux versants des grandes vallées environnantes. 

Porte d’entrée des Alpes du Nord (avec les autres massifs pré-alpins !), il fait face à la chaîne du Jura, en générale plus étendue que ce que l’on pourrait penser : celle-ci avance en effet jusqu’au lac du Bourget… Et même jusqu’à Voiron, par la partie Nord-Ouest de la Chartreuse ! Le massif de l’Epine et sa Dent du Chat, qui lui font face à l’Ouest, font également partie du Jura.

Tant par la richesse de la faune que par celle de la flore, le patrimoine naturel est remarquable et constitue l’un des atouts majeurs du parc naturel régional du massif des Bauges créé en 1995.

Ses voisins des Alpes sont le massif de la Chartreuse au sud-ouest, Belledonne au Sud Sud-Est, la Lauzière et le Beaufortain à l’Est, les Aravis et les Bornes au Nord.

14 de ses sommets dépassent les 2 000m d’altitude ; le plus haut, l’Arcalod, culmine à 2 217m. Mais attention, si son altitude générale paraît bien basse à côté de certains de ses voisins, ce n’est pas que synonyme de massif débonnaire ! De loin, les Bauges semblent ceintes de falaises, comme si une forteresse géante hérissée de tours massives avait été construite, surplombant les vallées alentour.

Syclinal de l’Arclusaz

Le relief de ce massif est en effet marqué (voir la partie géologie ci-dessous), et alterne entre falaises abruptes et gorges étroites, sommets inclinés (dans tous les sens, il faut bien le dire) et plateau en fond de vallée, éboulis de montagne et réseau de galeries souterraines… Il en résulte une grande variation de paysage, et de ce fait, une riche biodiversité.

faune flore et milieux naturels

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coté cailloux

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Contenu de va-et-vient
Contenu de va-et-vient
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coté plantes et bébêtes

La diversité des milieux et des conditions physico-chimiques implique une diversité de vie, animale ou végétale. Une falaise ensoleillée à basse altitude n’abritera pas la même flore qu’un sommet très exposé au vent en altitude, à titre d’exemple ; l’adaptation des êtres vivants se fait en fonction de leur environnement. On trouve donc dans les Bauges des milieux naturels très différents les uns des autres, de surface plus ou moins importante et ainsi une diversité associée.

Une riche flore montagnarde y est évidemment présente. Peut-être croiserez-vous, en période de floraison, des Sabots de Vénus (Cypripedium calceolus), orchidée rare et protégée (même si elle peut être localement abondante !). On trouve parmi ces plantes spécifiques aux milieux montagnards de nombreuses espèces, dont par exemple la Primevère oreille d’ours (Primula auricula), différentes espèces d’aconits dont l’Aconit anthora (Aconithum anthora), l’Aposéris fétide (Aposeris foetida)…

Sabot de venus

Primevère auricula

Les zones humides des Bauges, dont la forte diversité est surprenante dans un massif calcaire (où l’eau s’infiltre plus qu’elle ne se stocke en surface), présentent également un cortège floristique caractéristique. Tourbière, lac, résurgences, abords de cours d’eau ont leurs propres espèces de plantes. On peut ainsi croiser du Rynchospora blanc (Rhynchospora alba), le Petit utriculaire (Utricularia minor) qui pousse le pieds dans l’eau, différentes espèces de laîches, la jolie Swertie vivace (Swertia perennis) ou la cotonneuse Linaigrette engainante (Eriophorum vaginatum). Le sentier de la tourbière des Creusates permet, par exemple, d’avoir un aperçu de certaines de ces espèces spécifiques aux milieux humides.

Linaigrette engrainante

Swertie vivace

Autre exemple de milieu et de flore spécifiques : les pelouses sèches. Présentes sur sols secs (vous en doutiez-vous ?) où la rétention d’eau est très faible, comme ici sur le sol calcaire des Bauges, la végétation est composée de plantes adaptées à des conditions de sols secs et peu épais, majoritairement des herbacées rases : on y trouve peu d’arbres et d’arbustes. De nombreuses orchidées, comme l’intrigante Ophrys abeille (Ophrys apifera) et la non moins intrigante Orchis bouc (Orchis hircina) – que je vous invite à humer délicatement pour comprendre d’où vient son nom- peuvent être présentes sur ces milieux ; la Fétuque du Valais (Festuca valesiaca) en est également une représentante côté graminées, malgré son caractère très local.

Ophrys abeille

Fétuque du valais

Parmi la faune emblématique du massif, quoi de plus notable que les grosses bestioles ? Sachez-donc que nous avons l’honneur (ou l’horreur, selon les points de vue…) de compter sur le retour récent de deux espèces disparues de nos contrées il y a encore quelques décennies, actuellement protégées : le loup gris (Canis lupus italicus), de manière sporadique puisqu’il ne semble pas y avoir de reproduction dans le massif, et le discret lynx boréal (Lynx lynx). Il s’agit d’un petit nombre d’animaux, puisque pour les 2 espèces, moins de 10 individus seraient présents sur le massif (données PNR Bauges 2020-2021)…

Lynx

De grands ongulés sont également bien implantés dans les Bauges, dont l’espèce «phare» souvent rencontrée en moyenne montagne : le chamois (Rupicapra rupicapra rupicapra)! Cette espèce est d’ailleurs à l’origine de la création d’une réserve de chasse domaniale en 1913, suite à l’effondrement de sa population dans le massif. Cette réserve deviendra l’actuelle Réserve Nationale de Chasse et de Faune Sauvage (RNCFS) des Bauges.

L’animal est reconnaissable à ses cornes assez courtes (guère plus que la longueur de la tête) et à sa tête blanche pourvue de deux bandes marron des oreilles au museau. Contrairement à ce que l’on peut croire, le chamois n’est pas une espèce montagnarde comme l’est le bouquetin : il est en effet plus affilié aux forêts pentues et aux espaces ouverts accidentés, et non pas à un environnement majoritairement minéral ! Petite surprise génétique locale : les chamois de Chartreuse, le massif juste voisin des Bauges, constituent une sous-espèce à part entière…

Chamois

Le bouquetin (Capra ibex ibex), lui, dont les mâles sont pourvus de cornes impressionnantes, est… Eh bien, il est absent du massif. Eh oui !

Pour voir des cornes toutes aussi impressionnantes, il vous faudra croiser les troupeaux de mouflons (Ovis gmelini musimom x ovis sp) généralement situés dans l’Est du massif ! Introduits dans la RNCFS en 1956 pour la chasse, ils s’y sont depuis bien établis. Adapté au relief s’il n’est pas trop escarpé, à l’enneigement s’il n’est pas trop important, il colonise facilement un grand nombre de milieux différents.

Mouflons

Parmi les autres grands mammifères remarquables et non moins intéressants, le cerf élaphe (Cervus elaphus), le chevreuil (Capreolus capreolus) et le sanglier (Sus scrofa) sont également présents dans les forêts baujues.

Si la marmotte des Alpes (Marmota marmota) n’a pas été citée de prime abord, c’est qu’elle se fait plutôt rare dans le massif, malgré un lâcher depuis le parc de la Vanoise dans les années 50. Mais peut-être aurez-vous tout de même l’occasion d’en voir certaines ?

Marmottes

Si de nombreux mammifères plus petits vivent dans le massif, impossible de ne pas mentionner l’une des familles les moins connues : les chiroptères ! Ces petits animaux qui constituent la famille des chauves-souris sont en effet bien représentés sur le massif (17 espèces présentes dans la RNCFS par exemple, sur les 35 de métropole). Fragiles et toutes strictement protégées (même si parfois leur présence derrière nos volets est moyennement arrangeante, il faut se dire qu’elles sont une grande aide contre les moustiques !), on peut citer parmi elles le Grand rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum) et son nez… Atypique ! Les voir voleter en fin de journée durant les belles saisons ou entendre leur « tic… Tic… Tic »  lorsqu’elles communiquent ensemble sont de beaux moments…

Grand rhinolophe

Parmi les espèces de montagnes « notables » des Bauges, pourrait-on ne pas citer les 4 galliformes que la LPO* appelle « 4 fantastiques » ? Ces oiseaux de la même famille des poules que sont le lagopède alpin (Lagopus muta) (blanc en hiver, plumes des pattes compris, gris-brun en belle saison), le tétra-lyre (Lyrurus tetrix) (dont le mâle noir aux plumes rouges de croupion ne peut être confondu), la gélinotte des bois (Tetrastes bonasia) (forestière et très discrète) et la perdrix bartavelle (Alectoris graeca) (plus proche des cailles et plus sensible au froid) que des 3 espèces précédentes) sont des espèces emblématiques des montagnes, et sont malheureusement l’illustration de ce que peut être l’impact humain en montagne : leur population ont en effet été bien mises à mal ces dernières décennies…

Lagopède alpin

Tétra-lyre

Autres oiseaux facilement reconnaissable, de nombreuses espèces de rapaces sont observables sur le massif : on compte ainsi une vingtaine de couples de faucons pèlerins (Falco peregrinus), nichant sur les falaises, et sept couples d’impressionnants aigles royaux (Aquila chrysaetos). Ces deux espèces font l’objet d’un suivi attentif de leur reproduction et de leur maintien, et leur dérangement pendant la période de reproduction peut avoir des conséquences néfastes ! Un travail de sensibilisation a d’ailleurs été mené – et l’est encore ! – avec des associations naturalistes vers les personnes pratiquant le vol, afin de limiter les interactions entre humain·es en l’air et oiseaux.

Mais ça n’est pas tout ! Milan noir (Milvus migrans), milan royal (Milvus milvus), buse variable (Buteo buteo), faucon crécerelle (Falco tinnunculus), Epervier d’Europe (Accipiter nisus), Chouette hulotte (Strix aluco), les discrètes chouettes de Tengmalm (Aegolius funereus) et chevêchettes d’Europe (Glaucidium passerinum), et même le circaète Jean-le-Blanc (Circaetus gallicus) (ça ne s’invente pas !), … sont également présents dans ces montagnes.

Autres espèces emblématiques de la montagne, impossible de ne pas mentionner les deux corvidés du genre Pyrrhocorax ! Le malicieux chocard à bec-jaune (Pyrrhocorax graculus) virevoltant dans les airs et son « cousin » le crave à bec-rouge (Pyrrhocorax pyrrhocorax) sont souvent présent au loin lorsque l’on se promène dans le massif (ou plus près en cas de nourriture… Qu’il vaut mieux éviter de leur donner ! Le diabète ne sied guère aux animaux), et il est alors facile d’admirer leurs exploits en vol.

Chocard à bec jaune

Crave à bec rouge

Plus discrets, différentes espèces de reptiles sont installées dans les Bauges, toutes protégées. On peut ainsi mentionner la couleuvre verte et jaune, long serpent non venimeux présente dans les friches, les prairies, les berges de ruisseaux ; le lézard vivipare (Lacerta vivipara), ou encore la tristement mal-aimée vipère aspic (Vipera aspis) vivant aussi bien en milieux secs qu’humides.

Vipère aspic

9 espèces semblent présentes dans le massif : du crapaud-sonneur à ventre jaune (Bombina variegata) et à son chant étonnant au joli triton alpestre (Ichthyosaura alpestris), il y a du monde en zone humide ! Notons également la présence de l’étonnante salamandre tachetée ( Salamandra salamandra), autrefois suspectée de naître dans le feu… 

Salamandre tachetée

La diversité des milieux permet aux Bauges d’avoir un nombre d’arthropodes conséquent.  Parmi cet immense groupe animal que constitue les insectes, les arachnides, les myriapodes, les crustacés, … citons par exemple la magnifique rosalie des Alpes (Rosalia alpina), coléoptère remarquable et protégé, l’apollon (Parnassius apollo) typique des pelouses de montagne,  ou le damier de la Succise (Euphydryas aurinia) dans des zones plus humides.

Rosalie des alpes

apollonApollon

 

 

Vous trouverez ci-dessous les différents pages d’explications de paysages associées à des belvedères.